Langues vivantes

Allemand

Les candidats s'étaient manifestement bien préparés à l'épreuve de langue vivante, dont l'importance ne leur échappe pas. Même ceux qui éprouvaient de grandes difficultés se sont efforcés de tirer le maximum du texte de version et, pour le thème-résumé, de construire quelques phrases à la syntaxe parfois hésitante certes, mais qui avaient le mérite d'exister. L'absence de copies blanches ou même partielles devait être soulignée ; souhaitons que cette évolution se poursuive.

Les résultats sont évidemment très divers, mais les statistiques ne font pas apparaître de divergences notables par rapport aux années précédentes.

L'épreuve a permis aux germanistes de mettre en évidence leurs qualités et de récolter les fruits de leur travail.

Version

Le texte Aufbruch der "Luxusgeneration" , extrait de FOCUS, tentait de caractériser la "nouvelle vague d'émigration allemande" et de la distinguer des mouvements précédents : si au dix-neuvième siècle l'émigration concernait essentiellement des catégories défavorisées de la population, en majeure partie des paysans pauvres incapables de nourrir en Allemagne une famille souvent très nombreuse, on assiste aujourd'hui à un phénomène plus inquiétant, à savoir le départ de scientifiques bardés de diplômes, de cadres également, rebutés par des retenues sur salaires de plus en plus pesantes et mal perçues ; seul le système de protection sociale semble freiner légèrement ce mouvement.

L'argument général a dans l'ensemble été compris, même si de nombreuses difficultés (surtout vers la fin du texte) ont constitué pour certains des obstacles insurmontables. Un effort de précision et de rigueur est nécessaire, trop souvent les connaissances de vocabulaire sont floues et génératrices de confusion, trop souvent aussi on traduit précipitamment sans dégager d'abord la construction des phrases. Certains candidats en arrivent ainsi à énoncer sans sourciller une idée au début du texte et son contraire à la fin, se pénalisant eux-mêmes par défaut de vigilance.

Quelques lignes de force doivent aider à la préparation :

Le jury s'efforce également de ne pas se cantonner dans une attitude négative et récompense les meilleurs par un système de bonifications. C'est ainsi qu'aucune pénalité n'a affecté les erreurs sur Gehaltsabzüge , mais qu'une double bonification a été accordée à ceux (peu nombreux) qui ont traduit "retenues sur salaire" ; de même, double bonification pour l'absence de faute sur la dernière phrase.

Certains candidats obtiennent 19/20, maîtrisant remarquablement connaissances linguistiques et expression française. Tous ne peuvent certes atteindre ce niveau exceptionnel, mais un travail régulier et rigoureux permettra d'affronter sereinement les épreuves ultérieures.

Contraction

Ici encore, le défaut majeur a été le manque de rigueur et de précision. Le texte de Jean Delumeau Demain, la crainte ou la fête ? constatait d'abord les conséquences ambiguës sur l'état d'esprit des populations à l'approche du deuxième millénaire : angoisse d'une part, attente enthousiaste de l'autre, et s'efforçait ensuite de découvrir les raisons de ces attitudes contradictoires, les raisons également de la fascination exercée sur les esprits par les chiffres 1000 et 2000. Un détour par l'Apocalypse selon Saint Jean et sa double interprétation s'avérait alors nécessaire et expliquait les craintes ou les espoirs suscités par les nouveaux millénaires.

Il ne saurait être question d'exiger de candidats de niveau Bac+2, non spécialistes d'allemand de surcroît, de savoir traduire "l'Apocalypse selon Saint Jean" ou "le jugement dernier". Aucune pénalité donc pour l'ignorance de termes liés à la religion chrétienne.

Il s'agit, rappelons le, de composer un texte suivi, qui respecte l'équilibre des grandes parties du passage à résumer et qui atteste d'une maîtrise suffisante de la langue. Certains biaisent encore en accumulant les propositions indépendantes très brèves, non reliées entre elles, ce que l'on ne peut admettre après neuf ans d'étude de l'allemand. La majeure partie des candidats joue néanmoins le jeu avec honnêteté, mais là encore on constate nombre de déficiences dues le plus souvent à des connaissances trop floues :

Ces remarques sont volontairement générales ; il va de soi qu'il faut connaître du vocabulaire, mais des bases grammaticales solides et une parfaite maîtrise des structures sont un préalable, et c'est par là qu'il faut commencer. Certains candidats ont d'ailleurs très bien tiré leur épingle du jeu, produisant des textes au vocabulaire varié et employé à bon escient, procurant ainsi aux correcteurs quelques brefs instants de plaisir au cours d'un travail parfois ardu. Qu'ils en soient remerciés et que les futurs candidats essaient de suivre leur trace.

Anglais

La version du concours 1998 est extraite d'un article publié dans The Economist en 1997, intitulé "The Dover-Calais Motorway", et le texte de départ de la contraction croisée, intitulé "Demain, la crainte ou la fête ?", a été publié le 24 octobre 1997, dans Le Monde . Il est signé Jean Delumeau.

L'épreuve proposée aux candidats cette année a parfaitement joué son rôle : elle permettait aux candidats bien préparés de montrer toutes leurs qualités, les autres ne pouvaient guère espérer faire illusion. L'ensemble des notes a été utilisé et les correcteurs n'ont pas hésité à attribuer la note maximum à des copies de grande qualité avec une version respectant parfaitement le texte de départ, dans un français irréprochable et une contraction croisée dans un anglais très idiomatique, révélant une très bonne compréhension du texte français, un plan judicieux et une sélection pertinente des éléments les plus importants. Les correcteurs ont aussi, hélas, trouvé des copies indignes de candidats ayant pratiqué l'anglais depuis neuf années (au moins). Parmi les défauts les plus répandus on trouve les non-sens et le charabia, les lacunes lexicales, la méconnaissance de la grammaire et de la syntaxe, à la fois en anglais et en français, la présentation totalement inacceptable, avec ratures, enduit à la pâte blanche, absence de marge et de ponctuation. Pourquoi ces candidats n'ont-ils pas lu les rapports des années précédentes où sont clairement formulées les exigences des correcteurs, ni tenu compte des conseils certainement prodigués par leur professeurs tout au long de leurs années en classe préparatoire ? Ils auraient ainsi évité des notes catastrophiques et augmenté leurs chances de succès.

Les correcteurs souhaitent rappeler qu'en version, les omissions du titre, de phrases ou de paragraphes entiers sont sévèrement sanctionnées et risquent de pénaliser lourdement le candidat. Ils insistent aussi sur le fait qu'il faut mettre un titre à la contraction croisée et indiquer le nombre de mots utilisés. Il n'est pas du tout recommandé de mettre un nombre qui ne correspond pas à la réalité. Les correcteurs s'en aperçoivent très aisément et sanctionnent comme il se doit.

Version

L'article intitulé "The Dover-Calais Motorway" explique, sur un ton plutôt ironique, que le consortium franco-britannique Eurotunnel devait, en dépit de toutes les difficultés rencontrées jusqu'à ce jour pour exploiter le tunnel existant, présenter un nouveau projet de tunnel autoroutier aux gouvernements français et britanniques. Le texte révèle pourquoi ce choix est techniquement possible de nos jours et insiste sur le fait qu'adopter un système de voie ferrée avait augmenté les coûts et provoqué des retards de construction.

Cette version ne posait pas de sérieuses difficultés de compréhension et dans l'ensemble, les candidats l'ont assez bien comprise. La difficulté essentielle provenait du fait qu'une traduction simplement calquée aboutissait à un charabia inacceptable en français. Il fallait aussi être capable de lire le texte avec le plus grand soin pour bien repérer les temps utilisés et ne pas transformer ces derniers de manière injustifiée.

Les critères de jugement d'une version ont été énoncés dans les précédents rapports. Nous rappellerons qu'un texte anglais cohérent est soumis aux candidats et que ce texte doit être traduit dans un français correct et tout aussi cohérent.

Les fautes les plus nombreuses concernent le lexique . On ne peut pas comprendre un texte si on ne possède pas les outils indispensables. Le vocabulaire s'apprend, se travaille, grâce à des lectures régulières, grâce à des exercices de traduction réguliers.

La géographie a été le premier souci de nombreux candidats. L'expression "The Straits of Dover" fut particulièrement mal perçue, même par de bons candidats. Ils ont compris qu'il s'agissait de Douvre (sic) alors qu'il vaut mieux écrire Douvres, mais "Straits" a mis leur imagination en émoi et ils ont proposé "les strates, les échelles, les falaises, les rues, les bas-fonds, les abords, les contreforts, les sous-bassements (sic), les égouts..." et plus dangereusement "les abattoirs". S'ils avaient un jour consulté un atlas en anglais ils auraient compris qu'il s'agissait simplement du Pas de Calais.

Quelques faux-amis ont entraîné une cascade d'erreurs. Ce sont "delays", "billions", "has been developed". La tentation fut grande de calquer la traduction ; le résultat n'était pas acceptable. Les calques ont amené les candidats à déformer le texte abusivement. L'ignorance (ô combien surprenante) de "motorway" a conduit à décomposer le mot : "moto" puis "way" d'où route ou chemin pour moto. On est loin de l'autoroute. "Wonderful people" ne devrait pas dérouter un candidat sérieux. La décomposition du mot en "wonder" et "ful" a conduit à des traductions du genre "des gens bourrés de questions".

Lorsqu'ils trouvent "to secure" traduit pas "secourir" ou "sécuriser", "signalling" traduit pas "signalement" ou "signalétique", "today's tunnel is a compromise" traduit par "une compromise" ou "une compromission", les correcteurs se posent des questions sur la capacité des candidats à comprendre ce qu'ils écrivent en français.

Pire encore, le calque tourne au charabia sans que cela semble inquiéter les candidats. "Motorway" devient la "route-roulant" ou "la route motorisée", "Channel-tunnel" devient "le cannal-tunnel". On n'épiloguera pas trop longtemps sur le "vis-président" d'Eurotunnel, sur "conclure un marchet", "la périférie", "le génis", "la bancroute" ou encore "bankroot", "l'incendit qui ostrua le tunnel".

Les candidats des concours à venir doivent savoir que toutes ces fautes sont très sévèrement sanctionnées et qu'il en est de même des traductions aberrantes. L'exemple le plus flagrant concerne la phrase suivante : "Roadside beacons and transponders inside vehicles keep the trafic moving in close-packed platoons". Cette phrase pourrait se traduire ainsi : "Grâce à des balises sur le bord de la route et des transpondeurs situés à l'intérieur des véhicules, la circulation se fait sous forme de pelotons serrés". Il était excusable de ne pas savoir le sens de "beacon" ou de "transponder" mais c'est plutôt sur la seconde partie de la phrase que ce sont accumulées les élucubrations du genre : "gardent le mouvement de trafic dans de petites plaques fermées" ou encore "les deux roues et passagers à l'intérieur des véhicules prennent la route mouvante dans de proches plateaux fermés". Comment ces candidats ont-ils fait pour ne pas s'apercevoir que leur traduction n'avait aucun sens ? On pourrait multiplier les exemples à loisir avec la traduction de "to scrap" dans "when the motorway was scrapped". Il s'agissait bien sûr de l'abandon du projet d'autoroute. Non sans un certain humour plusieurs candidats on parlé "d'enterrer la route" ce qui ne correspondait à un contresens sur le texte. Dans la phrase "This is the automated highway that was opened for trials in California last August." le mot "trials" (des essais, à titre expérimental) a connu bien des infortunes. Les candidats paresseux ont conservé "trials". D'autres n'ont retenu dans ce polysémique que le sens de procès. L'expression "to take a nap" (faire un somme) a provoqué quelques remarques acerbes de candidats imaginant qu'il s'agissait d'une coquille et qui ont rétabli une formulation qui leur convenait mieux : "to take a map" ! L'exemple le plus marquant de la paresse intellectuelle de certains se trouve dans ces traductions reposant sur l'homophonie et qui conduisent à des contresens remarquables : "lorries" traduit par "leurres", "dimly lit tunnel" traduit par "un tunnel lit". Cette expression "dimly lit" a souvent été traduite par un oxymore du plus bel effet : "un tunnel éclairé sombrement". Si l'expression "electronic tow bars" a été comprise par de nombreux candidats d'autres ont conclu que "tow" ne pouvait être qu'une autre forme de "two" ; quant aux spécialistes de l'homophonie, ils ont bien sûr qu'il s'agissait "d'une barre que l'on peut actionner avec les doigts de pieds".

La conjugaison a souvent aussi été source de confusions fâcheuses. Parmi les erreurs les plus nombreuses, on note des fautes de mode et de temps. Elles ont porté sur "which will take about 25 years" traduit par un conditionnel, alors que "the ideal would have been " ou "tarmac would be simpler" a souvent été traduit par un futur. Dans l'expression "the concessionnaire would have to put forward", dans de trop nombreuses copies les candidats ont traduit par "aurait dû". On peut imaginer que ces fautes sont plutôt dues à la mauvaise lecture du texte, au manque d'attention plutôt qu'à une véritable ignorance. Beaucoup plus inquiétantes sont les fautes portant sur la conjugaison des verbes en français. De trop nombreux candidats déforment les infinitifs : "franchire, offrire, subire...", inventent les conjugaisons au passé simple : "l'incendie qui fermit le tunnel" et surtout confondent infinitif et verbe conjugué : "ils peuvent lirent un livre". Certains ne font pas la différence entre verbe et substantif : "il travail".

En conclusion, il nous faut répéter qu'il est nécessaire de se préparer efficacement à cette épreuve de version non seulement en travaillant le lexique et la grammaire dans les deux langues (il existe d'excellents ouvrages pour réviser la conjugaison des verbes français), mais aussi en approfondissant les techniques essentielles de traduction, outils indispensables pour qui veut gagner en précision, efficacité et élégance. Nous conseillerons aussi l'usage régulier de dictionnaires unilingues pour s'assurer du sens des mots et expressions rencontrés et utilisés, en français et en anglais.

Contraction croisée :

Les candidats devaient résumer en 120 mots environ, à 10% près, titre inclus, un texte de Jean Delumeau portant sur les réactions des gens devant le changement de millénaire et proposant une explication sur l'origine de ces réactions.

Sur le sujet, on indique aux candidats qu'ils doivent noter le nombre de mots utilisés en bas de leur production. Il est rappelé que si la contraction croisée dépasse les limites prévues, la sanction est graduée mais sévère : la note zéro peut être affectée dans le cas d'un dépassement excessif.

La difficulté essentielle de l'exercice consistait à choisir soigneusement les éléments à restituer sans qu'il y ait de déséquilibre entre les deux parties. Seuls les meilleurs candidats ont réussi ce tour de force.

Si le vocabulaire de la première partie du texte ne présentait pas de grande difficulté, (à part "sondage" souvent rendu par "pool" et "millenium" souvent transformé en "millenar", celui de la seconde moitié avec des références à Saint Jean, à l'Apocalypse, à l'Ancien Testament, au jugement dernier a plongé beaucoup de candidats dans la perplexité. Le titre a très souvent été malmené, avec des juxtapositions malheureuses quand elles n'étaient pas purement et simplement incorrectes. Les erreurs les plus courantes dans le domaine du lexique furent les barbarismes et néologismes ("frightness, affraid (souvent suivi de by the millenar), happyness, catastroph, catastropha, particullary, revolutionarr..."), les erreurs sur les numéraux en particulier "thousand" qui est devenu "thusend, tausend, tousand...", la traduction de Saint-Jean "Holly Jean, Holist Jean, Holly Peter, Saint Paul, Sam John, Giovanni", ou encore "Jame's Apocalypse", les noms de pays "Deutschland, Italia".

Mais c'est surtout la grammaire et la syntaxe qui posèrent le plus de problèmes aux candidats. Tout d'abord l'emploi des temps imposait l'utilisation du passé, du futur et du conditionnel. Il était indispensable de connaître les verbes irréguliers. Les formes interrogatives simples ne sont pas maîtrisées si l'on en juge par les exemples suivants : "Why people are afraid ? Why people are attracted ?... Why the number 1000 is important ? But why this date would be so specific ? So, who believe ?"

Les comparatifs sont une source supplémentaire d'erreurs. C'est bien de connaître les comparatifs doubles mais de là à transformer "worse and worse" en "worser and worser" ou "worst and worst", il y a une marge qu'il vaudrait mieux ne pas franchir. Quant à "simply", il ne donne pas "the simpliest" au superlatif.

On rappellera aux candidats que des mots comme "American" ou "Apocalypse" prennent toujours des majuscules, que les adjectifs anglais sont toujours invariables, que dans les temps composés, l'auxiliaire est suivi d'un verbe au participe passé, que le singulier de "themselves" n'est pas "themself", qu'il est indispensable d'accorder les sujets et les verbes en nombre, que "everybody" est suivi d'un verbe au singulier, que tous les verbes à la troisième personne du présent se terminent par s ou es , que le relatif "which" ne peut en aucun cas s'écrire d'une façon différente, que l'emploi de l'article défini correspond à des principes et des règles qu'un candidat doit comprendre et apprendre, qu'il est indispensable de maîtriser l'emploi des modaux, que les numéraux cardinaux et ordinaux ne s'emploient pas indifféremment dans les dates, que dans l'expression "on the one hand"... "on the other hand" on ne peut ni changer les prépositions ni omettre l'article, que le génitif ne s'emploie pas à tort et à travers, que le hasard n'a rien à voir dans l'emploi de "for, since" et "ago" ni dans celui des temps.

Il est recommandé de faire preuve de rigueur dans la ponctuation. Les phrases interrogatives doivent se terminer par un point d'interrogation. Il n'est pas acceptable en anglais d'utiliser les deux points pour faire l'économie d'une phrase correcte, ni d'abuser des points de suspension en imaginant que le lecteur terminera la phrase comme bon lui semblera.

Il existe d'excellents ouvrages de grammaire ; souvent avec batteries d'exercices et corrigés. Un entraînement systématique ne pourrait qu'être bénéfique aux futurs candidats.

Les meilleures notes furent attribuées à des copies qui révélaient de grandes qualités en matière de lexique, grammaire et syntaxe et dans lesquelles les idées essentielles du texte étaient restituées dans un anglais authentique et souvent idiomatique. Hélas trop de copies n'étaient qu'un magma informe d'où émergeaient quelques joncteurs et articulateurs, pas toujours utilisés à bon escient, où les fautes de grammaire et syntaxe faisaient obstacle à toute compréhension du texte contracté.

Conclusion

L'épreuve d'anglais du concours Centrale-Supélec évalue la performance des candidats sur un sujet donné dont les caractéristiques devraient être connues de tous les candidats. Les correcteurs, une fois encore, ne peuvent qu'insister sur l'importance d'une préparation méthodique aux deux épreuves de ce concours, surtout sur l'importance du suivi pédagogique dont les candidats doivent bénéficier au cours de leurs années en classes préparatoires. La maîtrise du français peut s'acquérir grâce à d'abondantes lectures, à l'emploi du dictionnaire et des ouvrages de grammaire. En anglais, il est indispensable d'acquérir un lexique riche et varié. Enfin, la lecture de la version ou du texte à contracter doit se faire avec le plus grand soin pour limiter les fautes facilement évitables. Une relecture systématique de ce qui a été écrit devrait permettre aux candidats d'éliminer tous ces non-sens et tout ce charabia, tous ces barbarismes et solécismes responsables de la faiblesse des notes attribuées.

Arabe

L'épreuve d'arabe présentait cette année un texte relativement facile parce qu'il racontait, en résumé, l'histoire du petit Prince de Saint -Exupéry. Mais, dès que l'on sortait du simple récit pour aborder quelques réflexions sur le sens profond de cette aventure humaine, les difficultés commençaient.

Le texte à résumer en arabe était un bel article de Jean Delumeau sur les craintes et les espoirs suscités par l'avènement de l'an 2000. Ce texte, bien charpenté, se prêtait bien à l'exercice du résumé. Mais sa seconde partie, de caractère historique, était centrée sur le rôle de l'Apocalypse de Saint Jean dans la naissance du millénarisme. Cela a constitué un bel exercice de dépaysement linguistique pour des candidats venus d'autres horizons culturels.

En ce qui concerne la version arabe, j'ai constaté une diminution du nombre des candidats ayant effectivement passé l'épreuve et, en même temps, une diminution notable, pour ne pas dire une disparition, des candidats mal informés sur le niveau linguistique de l'épreuve, mal orientés ou simplement fantaisistes. Si cette tendance à la prise de conscience spontanée de sa propre valeur chez les étudiants pouvait se poursuivre, ce serait une bonne chose pour tous et pour les étudiants eux-mêmes en particulier.

Cela dit, l'immense majorité des copies se situe autour d'une honnête moyenne, phénomène dû essentiellement à la convergence de deux notes presque antinomiques si l'on songe à la langue arabe et à la difficulté pour des arabophones de la nouvelle génération de maîtriser la langue française, maîtrise nécessaire à la poursuite d' études supérieures en France.

Mais cette maîtrise existe et je l'ai rencontrée chez quelques candidats qui, par bonheur, possèdent aussi la technique de la traduction et ne la confondent pas avec une banale paraphrase sans nuance du texte original.

Pour entrer dans le détail, je dirai que la consultation du dictionnaire, autorisée dans cette épreuve, n'est pas toujours bénéfique. L'étudiant ne doit pas prendre machinalement le premier mot qui se présente à lui. Les homonymes et les synonymes existent aussi bien en français qu'en arabe et c'est le contexte qui doit présider au choix des termes :

Connaissance de l'arabe, certes, mais aussi connaissance du français. La lettre était adressée aux jeunes Arabes et non point à la progéniture arabe!

Malgré ces quelques perles, l'épreuve de cette année ne pousse pas au pessimisme : on est toujours en présence d'un nombre presque constant de bonnes copies.

Espagnol

Version

Cette année le texte à traduire était un article de l'écrivain et journaliste Maruja Torres. Elle y évoque le dernier Salon du Livre madrilène qui a lieu dans l'enceinte du parc public El Retiro , La Retraite , d'où le titre Feuilles et Feuillets ( Hojas y páginas ).

Si quelques mots pouvaient poser des difficultés, ils n'étaient pas nombreux ( mermar , orugas ). Bien avenido dans matrimonio bien avenido était facile à deviner, mais un bon nombre de copies a fait l'impasse sur des expressions ou des mots courants : me da lo mismo , ladrones , lo que intuyes , a lo mejor ...

Malheureusement, le manque de rigueur en français est souvent à déplorer. Les phrases espagnoles un peu longues ont conduit à des traductions trop littérales en français, parfois à la limite de l'incompréhensible.

La correction a pénalisé l'ignorance de quelques constructions : a ser posible ..., incluso cuando llevas tiempo ..., lo espléndidos que ... se abren ..., aquellos que pretendemos ..., ante uno ..., lo que te piden ...

Les fautes d'orthographe sont hélas trop nombreuses ( châtaignier , dédicace , caresse ... sont rarement écrits correctement) ainsi que les barbarismes ( intuiter , intuitionner , adjudicier ...) ne sont pas du tout des cas isolés.

Thème

Les gallicismes, barbarismes et phrases toutes faites sont toujours fréquents dans le thème résumé. La confusion de temps et la pauvreté lexicale montrent une préparation insuffisante ainsi que l'absence de lectures régulières en espagnol.

Malgré toutes ces constatations négatives, signalons un certain nombre de copies qui ont obtenu d'excellentes notes.

Italien

Le texte proposé aux candidats était extrait d'un article paru dans un hebdomadaire italien. Il évoquait sur un mode plaisant la genèse des vacances, en prenant comme référence l'époque romaine.

Il ne présentait pas de très grosses difficultés. En fait, il suffisait de suivre le sens général du texte, et, en supposant que certains passages aient été d'interprétation ardue pour quelques candidats, le texte, dans son ensemble, était suffisamment clair pour que l'on ne perde pas pied. Les contre-sens et les faux sens sont dus pour une large part au refus de la part de certains candidats de lire le texte en entier avant d'essayer de le traduire. La traduction du texte mot après mot est une erreur de méthode, qui ne peut que conduire à une mauvaise traduction. Les candidats devraient se persuader qu'un article destiné à un grand public ne peut avoir un caractère ésotérique et être dénué de sens. Le plus souvent ceux qui n'ont pas réussi à faire une bonne traduction, n'ont pas été capables de l'écrire dans un français correct. Si l'examinateur peut admettre qu'une langue étrangère se révèle parfois difficile pour le candidat, il ne peut guère accepter, au niveau d'un concours, des fautes grossières de français. Et il n'est pas inutile d'insister sur le fait que le candidat doit relire sa traduction, avant d'aborder la seconde partie du devoir. Cette année encore, il est nécessaire de redire que les candidats doivent faire un effort d'attention et ne pas manquer de bon sens.

Pour ce qui est du résumé, comme à l'ordinaire, les bons candidats ont su présenter un devoir bien structuré et cohérent, qui démontrait leur compréhension du texte .

Encore une fois, il apparaît nécessaire de rappeler que la préparation à l'écrit du concours doit être tout à la fois le fruit d'un entraînement, fondé sur de nombreux exercices en cours d'année scolaire, et d'un effort d'acquisition de solides connaissances grammaticales et d'un riche vocabulaire, grâce à de nombreuses lectures.

Polonais

Dans l'ensemble, les copies, aussi bien les traductions que les résumés ont été de qualité, du fait d'une fort bonne maîtrise de la langue polonaise.

Toutefois, les fautes que l'on pourrait qualifier surtout d'inattention, le manque de finesse ou traductions trop littéraires du français, ainsi que les fautes d'orthographe ont fait baisser les notes.

Portugais

Version

Le texte à traduire est extrait d'un article d'un quotidien portugais présentant les principaux résultats d'une étude sociologique sur les chances de réussite professionnelle des femmes et des hommes, au Portugal.

La difficulté essentielle de ce texte consistait à bien distinguer le sens des mots souvent proches en français et en portugais. Les erreurs les plus fréquentes relèvent des choix lexicaux, pouvant conduire à des faux sens, voire à des contresens. La position de l'adjectif, souvent différente dans les deux langues, est également source d'erreur.

Cette remarque s'applique au phénomène plus général de l'ordre des mots. Le choix des prépositions a également posé problème à de nombreux candidats, ainsi que l'accord des temps et de modes verbaux. Les fautes d'orthographe ont été sanctionnées.

Thème

Les erreurs les plus fréquentes concernent la syntaxe (l'enchaînement des phrases), la morphologie verbale, l'emploi des prépositions et l'orthographe.

Conclusion

Pour bien réussir cette épreuve les candidats doivent s'entraîner régulièrement à la lecture en portugais et à l'étude de la grammaire portugaise.

Les candidats n'ayant pas de cours de portugais dans leurs établissements peuvent s'inscrire au CNED-Centre National d'Enseignement à Distance, 60, boulevard du Lycée 92170 VANVES.

Russe

La version ne comportait pas de difficultés majeures, sinon une certaine connaissance de la civilisation russe. Ainsi, certains candidats n'ont pas su traduire "pirojkis" ! Cela a donné lieu à des interprétations surprenantes dans le genre, par exemple, de : "petites pirogues", "poupées russes", "bateaux"...

Les fautes d'orthographe sont affligeantes, ce qui donne par instant au correcteur l'envie d'inscrire ces candidats à un cours de Français Langue Etrangère.

En voici quelques exemples: "Pendans", "son marie", "on peut voire", "un bazard"...

Certaines productions ont été, en revanche, assez élégamment interprétées.