Mathématiques

Mathématiques I

Le niveau d'ensemble des candidats de la filière MP, dans cette épreuve d'oral de Mathématiques I, a été tout aussi satisfaisant que celui de l'année dernière. L'esprit des nouveaux programmes apparaît même mieux perçu et, au niveau du comportement individuel, les candidats, dans leur grande majorité, essaient visiblement de faire de leur mieux lors de leur prestation orale.

Les recommandations d'ordre général figurant en préambule dans le rapport de l'épreuve d'oral de Mathématiques I de 1997 semblent avoir été prises en considération. Elles demeurent évidemment valables pour le concours à venir c'est pourquoi, tout en rappelant ci-dessous les intitulés des divers paragraphes, il est conseillé aux futurs candidats de s'y reporter.

On y ajoutera une recommandation d'ordre pratique, celle d'arriver en salle d'attente quelques minutes avant l'heure de convocation au lieu d'être juste à l'heure ou légèrement en retard, ce qui risque d'induire une difficulté à se concentrer en début d'épreuve.

Les conseils visant à une amélioration de la compréhension du nouveau programme d'analyse concernent essentiellement l'usage des théorèmes puissants admis sur la convergence dominée et les intégrales dépendant d'un paramètre.

Un théorème ne se résume pas à l'énoncé d'une formule, il n'est pas une recette à appliquer sans avoir préalablement réfléchi aux hypothèses de son application.

Un autre conseil d'ordre général est de comprendre l'utilité, dans certaines situations, de faire un usage rigoureux des quantificateurs. Dans ce cas, toute lettre doit être précédée d'un quantificateur. Cela contribuerait à éviter l'utilisation d'expressions, certes imagées mais sans réel contenu mathématique, du genre "faisons tendre maintenant vers 0" et cela aiderait, par ailleurs, à nier correctement une phrase mathématique.

Dans le même ordre d'idées, un examen soigné des premiers termes est utile pour rechercher une formule de récurrence.

Rappelons avec insistance que les théorèmes suivants, parmi d'autres, sont hors programme et ne sauraient donc être pris en compte dans l'évaluation du candidat :

En revanche, des résultats au programme restent mal connus d'un trop grand nombre de candidats. Ainsi la fonction n'est que rarement reconnue lorsqu'elle apparaît au détour d'une question et des lacunes importantes apparaissent au niveau des formes différentielles (lien entre formes exactes et formes fermées, simple dessin d'un ouvert étoilé dans le plan).

De même, les résultats concernant les séries avec

 

et f fonction positive décroissante et continue par morceaux, ou f de classe à valeurs complexes et telle que f' soit intégrable sur , apparaissent totalement ignorés des candidats.

La liste suivante d'erreurs ou maladresses les plus fréquemment commises n'est pas exhaustive.

Espaces vectoriels normés et suites d'éléments

Condition nécessaire et suffisante d'égalité dans l'inégalité de Minkowski méconnue.

La distance de deux fermés disjoints peut être nulle.

La distance d'un point à un ensemble est nulle si et seulement si ce point appartient à .

La propriété n'entraîne pas la convergence de la suite .

Caractérisation des fermés par les suites souvent mal citée.

Réticence à utiliser la caractérisation séquentielle de la continuité.

Une application bilinéaire non nulle et continue n'est pas lipschitzienne.

Il faut réfléchir à ce que peut être une fonction équivalente à la fonction nulle.

Séries d'éléments d'un espace normé

Borner les sommes partielles d'une série ne prouve pas que la série converge.

En cas d'éclatement du terme général d'une série en termes de séries divergentes, penser aux sommes partielles.

Penser à étudier la suite pour déterminer la nature d'une série à termes strictement positifs.

Ne pas abuser de la règle de d'Alembert alors que l'étude de la valeur absolue du terme général permet souvent de conclure par simple majoration. Elle est bien sûr sans intérêt pour étudier la nature d'une série entière aux bornes de son intervalle de convergence. Si on l'utilise, ne pas oublier les valeurs absolues et ne pas diviser par 0.

N'utiliser le théorème sur les séries alternées qu'après avoir vérifié que l'on ne peut conclure par convergence absolue et, si on l'utilise, ne pas croire que la décroissance d'une suite se transfère par équivalence.

ne se traduit pas par . Attention, de même, au passage à l'équivalence avec la fonction exponentielle, ou à l'addition d'équivalents.

Les résultats sur les séries de Bertrand doivent pouvoir être rapidement justifiés, puisqu'ils sont a priori non exigibles.

Séries doubles de nombres réels ou complexes

Les hypothèses concernant l'interversion des sont mal connues.

Suites et séries de fonctions, séries entières, séries de Fourier

Le théorème de Weierstrass n'est pas celui de Stone-Weierstrass.

Réticence à essayer d'utiliser la convergence normale.

La convergence uniforme locale est utile pour établir continuité et dérivabilité de la somme.

Les développements en série entière classiques sont souvent ignorés.

Le théorème de la projection orthogonale d'un vecteur x d'un espace préhilbertien réel E sur un sous-espace vectoriel F de dimension finie est mal cité.

Trop de candidats ignorent que

 

ne dépend pas de x lorsque la fonction f est T-périodique et continue.

Les primitives d'une fonction continue périodique ne sont en général pas périodiques.

Dérivation et intégration

Les formules locales (Taylor-Young ou développements limités) sont inopérantes pour l'obtention des encadrements globaux.

Attention au changement de variable dans le cas d'une fonction f qui n'est que continue par morceaux sur un intervalle I.

Une somme de Riemann n'est pas la somme partielle d'une série.

Lorsque la fonction f est à valeurs complexes, on ne dispose que d'une inégalité de Taylor-Lagrange.

La formule de Taylor avec reste intégral est souvent fausse.

Dans le vaste champ des questions relatives à l'intégrabilité sur un intervalle non compact, plusieurs observations sont à faire.

Équations différentielles

La méthode de la variation des constantes pour les équations différentielles linéaires du second ordre reste mal appliquée par un candidat sur deux.

Fonctions de plusieurs variables réelles

La continuité des applications partielles n'entraîne pas la continuité.

Les calculs de dérivées partielles sont en général mal conduits, les symétries de la fonction sont rarement utilisées.

Une utilisation maladroite des relations de domination ou d'équivalence quand il y a des paramètres conduit souvent à masquer un problème de double limite.

Le gradient en coordonnées polaires est au programme.

Géométrie différentielle

L'aire d'un triangle peut intervenir au cours d'une question.

Les constructions de courbes en coordonnées paramétriques ou polaires posent des problèmes aux candidats. Ainsi, pour les courbes en coordonnés polaires.

L'équipe des examinateurs de l'épreuve de Mathématiques I souhaite que ce rapport puisse servir aux futurs candidats ainsi qu'à leurs professeurs. Ils sont convaincus qu'ils tireront profit tout au long de leur carrière professionnelle future du travail en profondeur qu'ils effectuent pendant leurs années de préparation au concours.

Mathématiques II

Les remarques suivantes pourront être utiles à de futurs candidats.

La présentation au tableau est dans l'ensemble correcte. Des défauts existent encore au niveau des écritures parfois illisibles ou microscopiques, que l'on efface trop vite rendant par là impossible tout contrôle ou aide de l'examinateur, sans oublier l'opacité du corps humain de certains examinés qui en font un écran impénétrable entre leurs écrits et l'oeil du juge...

Le cours est su, en général, ce qui n'en accuse que plus la vacuité de certains candidats, véritables "miraculés" de l'écrit ! Beaucoup d'exercices nécessitent une réelle connaissance de quelques idées clés du programme, mais pas plus. On a le droit d'hésiter sur tel ou tel théorème technique : pourquoi, dans un tel cas, ne pas l'avouer, et adopter alors une démarche scientifique de redécouverte à l'aide d'autres connaissances... et de l'examinateur, plutôt que d'attendre l'énoncé bienfaiteur ? Dans cette situation, d'ailleurs, l'examen de cas particuliers garde-fous est toujours apprécié.

L' inventivité est en fait peu nécessaire dans la plupart des exercices extraits d'un folklore, fort heureusement, finalement assez restreint. Ne s'agit-il pas que de juger le sérieux dans les connaissances de base et les réactions face à une question nouvelle ? Mieux vaut donc assimiler à fond quelques exercices vraiment classiques que d'empiler un encyclopédisme de pacotille. Il nous semblerait même que beaucoup d'élèves viennent à l'oral sans relire les exercices choisis qu'ils ont faits en cours d'année avec leur professeur !

En algèbre générale , quelques saines connaissances sur les congruences d'entiers, sur les polynômes, et le corps des complexes sont appréciées. N'était-il pas plaisant d'entendre parler de la méthode DU cardan (pour méthode de Cardan) lors de la recherche de racines doubles d'un polynôme caractéristique d'une matrice (3x3) avec paramètre ?

L' algèbre linéaire et l' algèbre bilinéaire demeurent évidemment souveraines dans cette épreuve, et l'on doit reconnaître que certaines prestations sont impressionnantes par leur qualité. Les élèves aiment véritablement le polynôme minimal, ce qui est bien, et la notation pour le polynôme caractéristique d'une matrice , ce qui est bien encore si l'on est bon calligraphe au cas où les lettres et se jouxtent... L'examinateur d'un candidat hyperdécontracté entendit parler, non sans stupeur, de la méthode du GOSSE (méthode de Gauss) pour déterminer la signature d'une forme quadratique ! Ajoutons que la définition intrinsèque est toujours utile, comme par exemple pour une forme quadratique définie sur et non pas .

La géométrie se réduit peu à peu à sa plus simple expression. Des candidats le savent et font carrément l'impasse sur ce qui en reste. Mais la méconnaissance de rudiments sur changements de repère et coniques peut leur être dommageable.

L' analyse est en principe absente de cette interrogation. Néanmoins, il n'est pas interdit au candidat d'avoir quelques notions simples sur les normes matricielles qu'il veut employer. Un élève qui devait étudier la suite

 

de matrices (2x2) faisait sourire en insistant maintes fois sur la RUSE de Weierstrass à ce sujet !

Un résultat hors programme , s'il est accepté par l'examinateur, se retourne toujours contre l'examiné si ce dernier ne sait pas un traître mot de sa démonstration, au départ des éléments strictement contenus dans le programme bien sûr.

L' outil informatique aida une proportion non négligeable de candidats, ceci au cours de vérifications et explorations numériques ou littérales. Mais il est moins passé dans les moeurs que la calculatrice individuelle . L'équipe de cet oral s'était bien mise préalablement d'accord pour que tout exercice posé soit faisable à la main, à l'ancienne, sans aucune aide électronique de quelque nature que ce soit.

En conclusion, cet oral d'Algèbre et Géométrie se présente de manière généralement agréable , avec une dispersion des notes aisément obtenue.